samedi 30 janvier 2016
La politique autrement... L'impossibilité du nihil...
"Faire de la politique autrement"... Cette phrase, cette ambition, ce programme est devenu une antienne, une tarte à la crème, que chacun refourgue à sa sauce, mettant derrière les mots, la réalité qui lui plaît. Les professionnels de la politique, l'ensemble des partis politiques (tous sans exception aucune) se sont emparés de cette formule étendard pour résumer en 5 mots la prétendue volonté des Français, à l'aune des résultats électoraux récents qui régulièrement déçoivent l'ensemble des partis (TOUS SANS EXCEPTION, quoiqu'ils en disent...).
La question centrale est évidemment ce que l'on entend par "politique" (mais ce n'est pas le plus compliqué : la vie de la cité), mais surtout par "faire autrement". "Autrement" : que quoi? Quelles pratiques sont à changer, quelles pratiques sont à inventer? Quels liens entre pratiques et idées? La question du "faire"n'est pas un détail. Qu'est-ce que faire, qu'est-ce qu'agir? Et comment? "Faire de la politique autrement", autrement dit, ce n'est pas simplement récuser des pratiques insatisfaisantes, changer des hommes insuffisants et-ou incompétents, modifier des slogans révolus. Cette phrase ne porte pas en elle-même des vertus magiques, de même que le mot "réforme" n'est pas en lui-même un terme positif, comme son utilisation dans le langage essaie de nous le faire croire...
Je ne sais pas nécessairement quelles pratiques doivent changer : la corruption endémique, l'assujettissement aux ambitions personnelles, la soumission à l'immédiat, l'abrutissement médiatique? Oui bien sûr, tout cela doit changer, doit cesser... Mais encore? Le cumul des mandats, la professionnalisation, le vote blanc, le rôle des initiatives citoyennes hors l'élection? autant de vrais sujets de débats.
Une chose ne changera pas : la politique reste in fine un rapport de force. Et un combat pour des idées. Et faire de la politique c'est nécessairement agir, sachant qu'on ne fait pas tout bien, qu'on n'est pas dans l'idée mais la pratique, la mise en œuvre. Et qu'il y a ici nécessité de tenir compte du réel, du compromis, de freins existants, qui sont sociaux, légaux, politiques, etc! Qu'il est impossible de vouloir juste faire de la politique "autrement" sans chercher des moyens d'action qui permettent de remporter le rapport de force. A quel prix? En tous cas, ne rien faire au prétexte que c'est se compromettre, que c'est sale, ne rien dire au prétexte que c'est conflictuel, ne plus agir au prétexte qu'on a perdu les élections, ne rien vouloir affirmer au prétexte que ce sera interprété et peut-être mal interprété, ce n'est pas "faire de la politique autrement". C'est ne pas faire de politique.
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