Deux disques bien différents unis par l'ambition de l'écriture sont sortis ces temps-ci : soit, à ma gauche, "Aubert chante Houellebecq", et à ma droite, le dernier David Mc Neil, "un lézard en septembre".
Plaisir de chansons.
Le premier cité, angoissait nombre de fans d'Aubert. Ils avaient tort. Ce disque restera peut-être comme le meilleur de JLA : Se confronter à l'écriture de Houellebecq a agi, selon moi, comme un défi pour Aubert, l'obligation d'une exigence supérieure : rigueur, concision, les morceaux sont imparables, habités par une extrême précision musicale, vocale et mélodique. Il est fort possible que la minute de "Lise" reste comme un classique éternel de la chanson française. Ce morceau sonne comme un grand Mc Neil, tiens! Le final de "l'enfant et le cerf-volant" propose un des meilleurs chorus rock que cette chanson rock en français ait jamais proposé et Aubert tient là son solo ultime. "La possibilité d'une île" est un texte magnifique dont Aubert a su tirer le rythme qui, absolument, l'habitait. Aubert propose des versions rocks ("Face B" par exemple) ou douces avec une unité magnifique... L'intensité est permanente et parvient à monter progressivement pour un final d'une absolue beauté. Ce disque est, vous l'avez compris, non seulement réussi, mais important. Le livret qui accompagne l'objet témoigne, à la limite de l'impudeur (mais en restant à la limite), de la naissance d'une amitié et d'un partage réussi. Finalement, ce disque sonne comme une évidence.
J'écoute en tapant ce texte, le dernier opus de David Mc Neil. Mon admiration, acquise d'avance, ne m'aveugle guère : Mc Neil est le seul chanteur de jazz français aujourd'hui... Son écriture toujours nostalgique (vocabulaire compris), reste d'une précision magique. Sa voix nous susurre toujours à l'oreille ce blues qui l'habite et qu'il raconte dans ses livres. Le dernier en date, le plus autobiographique, nous montre un homme à nu, n'ayant plus à se cacher à l'heure où l'âge agit comme une menace, au temps des épreuves. Dans la plus grande simplicité, il délivre les dernières clés, déjà distillées avec les énigmes de la fiction dans les précédents. Si les mélodies et certains vers n'évitent pas la redite (ici, une note de vieil homme au coeur tatoué, là tel emploi d'une élision déjà utilisée, la beauté de certains morceaux et l'unité musicale de l'ensemble font de cet opus le digne et réussi tome 2 de "Seul dans ton coin" (1991, déjà...). Mention spéciale aux deux duos, aux "douze mesures d'un blues", aux "amours impossibles" et à l'érotisme très suggestif dont Mc Neil est friand (soies, dentelles, caresses et peau douce dans la lignée des "passantes de Passy" : magnifique "bouton d'or", superbes "lézard en septembre" et poignant"sous ton matelas"). Du grand art.
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