samedi 28 janvier 2017
N'est pas Jaurès qui veut
N'est pas Jaurès qui veut, ni Mitterrand d'ailleurs... M. Hollande l'a appris à ses dépends tout au long de son calvaire de cinq années de présidence. Mais il en avait fait l'amère expérience à la tête du PS dans son désastreux décennat à la tête du parti... Jaurès il y a plus d'un siècle créait le parti, la SFIO, à l'aide de multiples mouvements rivaux. La synthèse était chez lui une double nécessité : nécessité idéologique, concilier le marxisme matérialiste et une approche sensible et spiritualiste issue de sa propre lecture philosophique de l'expérience humaine; nécessité tactique et pratique pour faire travailler ensemble les traditions d'un socialisme français complexe et éclaté (entre idées des Lumières et anarcho-syndicalisme...). La synthèse Mitterrandienne, quant à elle, a consisté à jouer jusqu'à l'extrême avec les divisions rivales de la gauche socialiste pour profiter d'une position centrale au sein du PS et s'emparer du pouvoir au sein du parti et, au gré des élections , en France. Hollande, qui a été à l'école de Mitterrand, n'a jamais su se départir de cette formation et revenir à une posture programmatique réelle, c'est à dire, avant tout, une réflexion idéologique. Sa capacité tactique est bien médiocre si l'on veut bien considérer les faits : Jospin battu en 2002, le PS divisé sur l'Europe en 2005 et la ligne officielle, celle de Hollande, battue; Sarkozy élu facile en 2007; La victoire miraculeuse du candidat Hollande en 2012 n'est que le rejet du précédent. En quelques semaines d'exercice du pouvoir, Hollande pulvérise non seulement les scores d'impopularité, mais plus grave, met au rancard les rares éléments d'espérance d'un quinquennat de gauche! Sa dernière œuvre? Réussir à torpiller la primaire à gauche par son hésitation coupable sur sa candidature... On peut néanmoins le remercier pour cela car il a enfin réuni les conditions pour que la scission du PS soit effective. Lorsque Valls déclare ne pas soutenir Hamon en cas de victoire de ce dernier, c'est bien la ligne de fracture fondamentale de ce parti qui apparaît : non plus une divergence tactique, non plus un problème de vocabulaire mais bel et bien une faille idéologique majeure. Tout observateur de la vie politique connaît cette ligne de fracture et attend que le PS en tire les conséquences. La création par Mélenchon du Parti de gauche avait pu créer l'espoir d'une clarification. Mais les jeunes quadras de la gauche du PS à l'époque n'avaient pas souhaité prendre les risques politiques d'un départ en masse du parti. Il faudra bien qu'il se passe quelque chose maintenant. Les candidatures hors primaire de Macron à droite et Mélenchon à gauche ont toutes les chances de ruiner les chances du candidat PS et c'est TANT MIEUX.
J'ai dit il y a longtemps déjà que le PS risquait le score à un chiffre, comme Defferre en 1969. Je le maintiens et le souhaite. C'est la seule chance pour éviter la victoire de Le Pen. Pourquoi alors aller voter à cette primaire de la gauche? Pour montrer que l'idée d'une gauche qui se rassemble sur des valeurs claires et tranchées n'est pas une idée qui désintéresse les Français qui, comme moi, font partie de ce qui a été appelé un jour "le peuple de gauche". Que la gauche n'est pas une idée morte pour qui veut bien réfléchir. Et qu'elle ne pourra gagner que rassemblée. Non pas autour d'un parti et d'une improbable synthèse, mais dans une recomposition réelle de ses forces et de ses idées.
A titre personnel, bien qu'opposé à l'élection du PR au suffrage universel, j'irai voter au premier tour de cette dite élection, à gauche bien entendu, c'est à dire JLM. J'irai voter également dimanche pour manifester que le peuple de la gauche souhaite que les candidats de cette famille défendent des idées de gauche. C'est pourquoi sans me soucier d'arithmétique et de sondages, sans me préoccuper des alliances possibles des uns et des autres, je voterai Hamon. En effet, la gauche selon toute vraisemblance perdra cette élection présidentielle. Mais les plus importantes élections seront devant nous : les Législatives. Et là, la gauche devra impérativement être rassemblée autour de valeurs claires.
D'aucuns me disent que Hamon va siphonner les voix de Mélenchon. C'est possible et ce serait dommage en effet... Personnellement je ne le crois pas. Le problème de la candidature Mélenchon, c'est Mélenchon lui-même, meilleur bateleur que beaucoup, fossoyeur aussi de sa propre crédibilité par excès de langage, de caricature, de beaucoup de choses... Mais peut-on laisser Valls être le représentant du PS à l'élection Présidentielle? Ce serait somme toute logique eût égard à la pratique du pouvoir lors de ces 5 dernières années... Le danger serait qu'il réussisse à nouveau le miracle Hollandais de 2012. Car Hamon le soutiendrait, lui... Et rien de pire que 3 candidats à 2 chiffres pour qu'un second tour catastrophe oppose Fillon à Le Pen. Aujourd'hui la gauche est en ruine et Hollande en porte la responsabilité majeure. Qu'on ne vienne pas en faire porter les responsabilités aux électeurs qui ne veulent plus voter pour une mascarade, ou à ceux qui votent selon leurs convictions, fussent-elles minoritaires!
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Cher Hubert,
RépondreSupprimerCe que tu racontes ici, l'Allemagne, terre du socialisme s'il en est car tout le monde le sait, le socialisme est international, a connu cette même évolution, ce même problème congénital ou substantiel au socialisme, mais en France, mais elle a connu cette évolution avec près de 50 ans d'avance !!!!
Le PS est mort, au sens où, idéologiquement il n'est plus socialiste depuis.... Allez, 1983, on va dire ou 97 pour les plus rêveurs.
3 choses pour moi ici dans ce que tu dis :
- D'une, la place de l'idéologie en politique par rapport à la stratégie. On l'a vu depuis longtemps, l'idéologie, le fond, les principes et les valeurs ne sont plus mis en avant. Qui, dans les hommes politiques est un penseur, un intellectuel comme a pu l'être Jaurès, par ex, ou Rocard à la limite ? D'où le problème de fond de notre démocratie et de nos dirigeants : proposer une vision du passé, du présent et du futur de la France.
- De deux, qu'est-ce qu'être socialiste aujourd'hui et ce, depuis 1991 ? Je voudrais le savoir.
- De trois, pour en revenir au début, le socialisme, depuis ses débuts, en Allemagne puis en France, s'est très tôt vu mis devant un choix : la démocratie avec ces compromis, alliances, coalition, son côté "bourgeois" ou un autre système politique ? Le socialisme allemand a connu très tôt cette évolution en 1919 puis, a vu la victoire de la tendance réformiste avec Schröder après la fin des illusions.
En France, par hypocrisie, malhonnêteté intellectuelle, et par stratégie, les dirigeants socialistes n'ont jamais voulu reconnaître cette évolution social-démocrate. Même si la loi El-machin, s'inscrit dans cette évolution, tout comma la fameuse phrase de Jospin sur l'Etat... Aujourd'hui, cette fracture est devenue très lisible avec Hamon, Valls et Macron, mais elle sommeille, elle est latente depuis des lustres !!!! C'est d'ailleurs le seul intérêt de cette primaire, c'est de mettre au jour cette division originelle et idéologique.
Question de fond : peut-il exister un socialisme dans un cadre démocratique ou disons, parlementaire ? Peut-il exister un socialisme dans le cadre d'une mondialisation fondée sur le capitalisme.
Je termine en disant que Mélenchon est un populiste, et oui, il existe un populisme de gauche.
Et que pour moi, l'idée socialiste, au sens premier du terme, c'est à-dire, que la dimension collective prime sur celle individuelle, peut retrouver un second souffle dans le contexte des bouleversements écologiques qui vont s'imposer à nous.. Et qui nécessiteront de repenser la société, pour moi, l'idée de propriété comme celle d'héritage n'en sortiront pas indemnes...
Mais wait and see...
Sébastien