Et voilà!
le FN arrive largement en tête des Européennes, la gauche est laminée,
l'abstention est toujours aussi forte et l'UMP explose en plein vol.
Rejoignant
ici l'analyse de Védrine dimanche soir, ce résultat est tout sauf un
hasard? En réalité, depuis longtemps une grave crise politique couve en
France dont la prochaine étape est l'accession du FN aux commandes de
l'Etat dans le cadre d'une désintégration républicaine générale qu'on
voit venir de loin, depuis longtemps. Risible, de voir sur les plateaux
des émissions électorales R. Dati et Juppé demander à faire de la
"politique autrement", slogan classique, mot valise magique, commandé
par les orateurs lorsqu'ils n'ont rien à dire... Personne ne leur a dit
que certains disent la même chose depuis trente ans sur ces plateaux?
Ils ne voient pas à quel point ils sont déconnectés de la réalité des
choses, des gens, et des problématiques du pays, aveuglés par la seule
question qui tienne à leurs yeux : leur propre réélection? Sans idées,
sans autre idéologie que la gestion et l'équilibre des comptes on arrive
à ce triste résultat. Après la trahison de 2005 et le retour du traité
retoqué dans les urnes par la fenêtre de Lisbonne, les lamentables
discours lénifiants ont persévéré. Cela fait presque dix ans que j'en
appelle à une scission du PS, parti schizophrène qui n'a plus ni
idéologie ni patron réel (Cambadélis, qu'est-ce que c'est honnêtement?)
Cela fait dix ans que nous en appelons à une union autour d'une nouvelle
gauche sociale (cela devrait ne pas avoir à être dit...) écologiste,
laïque... pour quels misérables résultats? Un vague sursaut
mélenchonniste et rien de plus, Un NPA absent et qui pratique la
logorrhée verbale en guise d'action et de pratique..
Des Verts divisés et diviseurs qui, au fil des années, ne font rien d'autre
que de ressembler toujours un peu plus à ces partis dont nous ne
voulons plus (n'est ce pas M. Placé?
Qu'aujourd'hui
30 % des 18/35 ans votent de manière décomplexée FN, montre une
banalisation des propos racistes mais surtout un ras le bol général
d'une génération qui n'a pas connu les perspectives politiques
d'une république en construction et d'un monde bipolaire : la fin de la
guerre froide, l'émergence de nouvelles puissances, celles d'une
nouvelle religiosité, ces inquiétudes n'ont pas été prises en compte par
les partis traditionnels et le seul qui ait une idéologie aujourd'hui
est récompensé : certes cette idéologie est nauséabonde, réactionnaire
et ne mène vers aucune perspective d'avenir : mais c'est une idéologie.
Que 60% des électeurs se déplacent pas illustre l'indifférence suscitée
par les institutions européennes : qui pourra blâmer ces électeurs ou
ces non électeurs devant cette ignorance et cette absence d'engouement
pour une union qui apparaît largement antidémocratique et seulement
technocratique?
En Ile de France l'absurdité et l'inconséquence
ont été poussées au maximum avec pour les électeurs le choix devant 31
listes "démocratiques" ... Absurdité et inconséquence des partis qui
pour exister ne voient que l'urne se remplir (ou pas) de leur triste
bulletin. C'est pas eux qui tiennent les bureaux de vote et on a une
pensée pour les militants dans ce contexte : quel courage tout de même
de perdre son temps ainsi!
Que faire que dire de plus? Même pas
l'appel à une manif dont on sait par avance qu'elle eût été un fiasco...
Triste France. Les larmes de Mélenchon sont bien le seul fait marquant
d'une soirée de merde. Mais ce sont des larmes d'un crocodile ordinaire
qui n'a pas eu la pitance attendue...
Tout péter. Du passé, faire table rase. Et regarder devant!
mardi 27 mai 2014
mardi 13 mai 2014
Mc Neil, Aubert-Houellebecq : mots et musiques
Deux disques bien différents unis par l'ambition de l'écriture sont sortis ces temps-ci : soit, à ma gauche, "Aubert chante Houellebecq", et à ma droite, le dernier David Mc Neil, "un lézard en septembre".
Plaisir de chansons.
Le premier cité, angoissait nombre de fans d'Aubert. Ils avaient tort. Ce disque restera peut-être comme le meilleur de JLA : Se confronter à l'écriture de Houellebecq a agi, selon moi, comme un défi pour Aubert, l'obligation d'une exigence supérieure : rigueur, concision, les morceaux sont imparables, habités par une extrême précision musicale, vocale et mélodique. Il est fort possible que la minute de "Lise" reste comme un classique éternel de la chanson française. Ce morceau sonne comme un grand Mc Neil, tiens! Le final de "l'enfant et le cerf-volant" propose un des meilleurs chorus rock que cette chanson rock en français ait jamais proposé et Aubert tient là son solo ultime. "La possibilité d'une île" est un texte magnifique dont Aubert a su tirer le rythme qui, absolument, l'habitait. Aubert propose des versions rocks ("Face B" par exemple) ou douces avec une unité magnifique... L'intensité est permanente et parvient à monter progressivement pour un final d'une absolue beauté. Ce disque est, vous l'avez compris, non seulement réussi, mais important. Le livret qui accompagne l'objet témoigne, à la limite de l'impudeur (mais en restant à la limite), de la naissance d'une amitié et d'un partage réussi. Finalement, ce disque sonne comme une évidence.
J'écoute en tapant ce texte, le dernier opus de David Mc Neil. Mon admiration, acquise d'avance, ne m'aveugle guère : Mc Neil est le seul chanteur de jazz français aujourd'hui... Son écriture toujours nostalgique (vocabulaire compris), reste d'une précision magique. Sa voix nous susurre toujours à l'oreille ce blues qui l'habite et qu'il raconte dans ses livres. Le dernier en date, le plus autobiographique, nous montre un homme à nu, n'ayant plus à se cacher à l'heure où l'âge agit comme une menace, au temps des épreuves. Dans la plus grande simplicité, il délivre les dernières clés, déjà distillées avec les énigmes de la fiction dans les précédents. Si les mélodies et certains vers n'évitent pas la redite (ici, une note de vieil homme au coeur tatoué, là tel emploi d'une élision déjà utilisée, la beauté de certains morceaux et l'unité musicale de l'ensemble font de cet opus le digne et réussi tome 2 de "Seul dans ton coin" (1991, déjà...). Mention spéciale aux deux duos, aux "douze mesures d'un blues", aux "amours impossibles" et à l'érotisme très suggestif dont Mc Neil est friand (soies, dentelles, caresses et peau douce dans la lignée des "passantes de Passy" : magnifique "bouton d'or", superbes "lézard en septembre" et poignant"sous ton matelas"). Du grand art.
Plaisir de chansons.
Le premier cité, angoissait nombre de fans d'Aubert. Ils avaient tort. Ce disque restera peut-être comme le meilleur de JLA : Se confronter à l'écriture de Houellebecq a agi, selon moi, comme un défi pour Aubert, l'obligation d'une exigence supérieure : rigueur, concision, les morceaux sont imparables, habités par une extrême précision musicale, vocale et mélodique. Il est fort possible que la minute de "Lise" reste comme un classique éternel de la chanson française. Ce morceau sonne comme un grand Mc Neil, tiens! Le final de "l'enfant et le cerf-volant" propose un des meilleurs chorus rock que cette chanson rock en français ait jamais proposé et Aubert tient là son solo ultime. "La possibilité d'une île" est un texte magnifique dont Aubert a su tirer le rythme qui, absolument, l'habitait. Aubert propose des versions rocks ("Face B" par exemple) ou douces avec une unité magnifique... L'intensité est permanente et parvient à monter progressivement pour un final d'une absolue beauté. Ce disque est, vous l'avez compris, non seulement réussi, mais important. Le livret qui accompagne l'objet témoigne, à la limite de l'impudeur (mais en restant à la limite), de la naissance d'une amitié et d'un partage réussi. Finalement, ce disque sonne comme une évidence.
J'écoute en tapant ce texte, le dernier opus de David Mc Neil. Mon admiration, acquise d'avance, ne m'aveugle guère : Mc Neil est le seul chanteur de jazz français aujourd'hui... Son écriture toujours nostalgique (vocabulaire compris), reste d'une précision magique. Sa voix nous susurre toujours à l'oreille ce blues qui l'habite et qu'il raconte dans ses livres. Le dernier en date, le plus autobiographique, nous montre un homme à nu, n'ayant plus à se cacher à l'heure où l'âge agit comme une menace, au temps des épreuves. Dans la plus grande simplicité, il délivre les dernières clés, déjà distillées avec les énigmes de la fiction dans les précédents. Si les mélodies et certains vers n'évitent pas la redite (ici, une note de vieil homme au coeur tatoué, là tel emploi d'une élision déjà utilisée, la beauté de certains morceaux et l'unité musicale de l'ensemble font de cet opus le digne et réussi tome 2 de "Seul dans ton coin" (1991, déjà...). Mention spéciale aux deux duos, aux "douze mesures d'un blues", aux "amours impossibles" et à l'érotisme très suggestif dont Mc Neil est friand (soies, dentelles, caresses et peau douce dans la lignée des "passantes de Passy" : magnifique "bouton d'or", superbes "lézard en septembre" et poignant"sous ton matelas"). Du grand art.
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