mouette

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mardi 16 mai 2023

Petits mots entre amis

Merci Gérard, merci Gégé! Il n'aura échappé à personne que l'Affaire Depardieu, que dis-je l'affaire, le scandale, le buzzzzzzzzz, le moment Depardieu, a un mérite fondamental : renvoyer chacun à sa vérité et les fictions à ce qu'elles sont : de la fiction. Face à ce monument Depardieu, premier à dégainer, le Premier ministre : et le politique de se retrouver nu avec son impuissance à réformer, à éclairer la nuit et à persuader. "Minable" le mot est petit, mais la vérité est là : triste vérité, mais depuis longtemps l'acteur a laissé place au comédien de sa propre vie, et depuis longtemps le grand Depardieu joue les Tartuffe : acteur? Peut-être. Homme d'affaires et combinard, certainement.... Ceux qui ne voulaient pas le voir se mentaient. On sait bien que le pote à tout ce qui compte dans les affaires foireuses du petit capitalisme néo colonial français, a depuis belle lurette renoncé à l'art pour se donner au cochon.
Entre en scène, le grand Gégé via le JDD. Monument d'hypocrisie, ultime tentative de passer pour une victime. No comment, a-t-on envie de dire et oubliez tout ça.
C'est alors que la jolie petite famille du cinéma français va nous piquer sa crise et faire un "nervous breakdown", aurait dit Audiard. La famille qui éclate et c'est mon cœur qui s'envole (comme un faucon). Qui n'a pas envie d'exploser da télé devant cette soirée des Césars ou les faux-culs rivalisent de saillies foireuses à coup de sketchs larmoyants, de décolletés toujours plus profonds, de sourires pincés, d'accolades où se devinent l'envie d'égorger son "partenaire-rival-meilleur ami-mon cul" et de l'humilier à coup de bon mots se faisant lever la salle? Qui n'a pas eu envie de se lever et de traiter cette "grande famille du cinéma français" de bandes d'abrutis imbus d'eux-mêmes, si sûrs de leur talent?
Gloire à Torreton d'avoir, en appuyant où ça fait mal, soulevé le couvercle de cette marmite où cuit une soupe au beurre rance et se recuisent de vielles rancunes tenaces... Car l'article de Torreton sonne comme un accès de rage où beaucoup de non-dits explosent à la face d'une sorte de commandeur honni et autrefois trop aimé. Que fait Torreton? Sous la leçon d'éducation civique ("Tu croyais quoi? Avoir une médaille"), il engage les hostilités sur l'acteur Depardieu, sur l'ancien et l'actuel. Et cela fait mal, et cela blesse, et cela touche juste. Depardieu traité de Montfleury, c'est le masque qui tombe. Cyrano devenu Laguiche, c'est l'humiliation. Et Gégé reste coit. Je ne vais pas analyser le silence mais j'ai bien une petite idée... Gégé silencieux, ses soutiens se déchaînent : Premier soldat, Fabrice Lucchini... Lol.
L'argumentation Luchinienne est ridicule : "Pour critiquer Depardieu il faut une filmographie solide". Entendez : "qui c'est ce Torreton,  qui a si peu de films au box office, cet acteur même pas "bankable", qui critique notre monument presque panthéonisé? Et de quel droit?" "Du droit d'expression, ducon!"s'entend-on répondre par soi-même. Lucchini parle mieux la langue des autres, celle de Céline par exemple, que la sienne propre. Alors qu'il se  taise, car ce type d'argumentation est si peu solide, elle, qu'elle ne touche que son auteur. Qu'est-ce qu'une filmographie "solide" M. Lucchini? Avoir joué dans P.R.O.F.S.? Combien de films doit-on retirer à la votre, pour qu'elle reste convenable, cette filmographie? Vos films, dont si peu finalement ne resteront dans les mémoires du cinéma, sont-ils autre chose qu'un gagne-pain, comme un autre? Ni plus digne, ni moins, que le mien...Après avoir tenté de donner un rang au cinéma et aux acteurs par là-même, - on est si bien servi par soi-même, fut-ce d'une soupe dégueulasse-, Lucchini affirme -et là on reste consterné : "je ne juge pas mes amis." Cette sortie pourra, elle,  rester comme le révélateur de la personnalité tout à la fois démagogique, consensuelle et inculte de celui qui joue avec les mots comme avec des quilles, génial jongleur verbal, si creux au fond. A ne pas juger ses amis, on peut en avoir beaucoup. Manquer de discernement à ce point est inquiétant. Permettez-moi Monsieur de juger mes amis avec l'empathie nécessaire pour savoir leur dire mes désaccords, mes inquiétudes ou mes déceptions. Mais là n'est pas la question. Torreton ne traite pas Depardieu comme un ami. Il ne fait pas semblant d'appartenir à une même famille. Au contraire! Il lui renvoie à la face tout l'irrespect dont l'autre fait preuve, sur les tournages notamment.
Sans doute peu rassuré par cette boiteuse plaidoirie, d'autres soutiens sortent du bois. La Reine-Mère, Catherine Deneuve, fait entendre sa voix. Relol. "On n'attaque pas quelqu'un sur son physique. C'est mal M. Torreton". Mais l'ami Torreton n'a pas attaqué Depardieu sur son physique. Il a juste utilisé les vers de M. Rostand pour renvoyer Depardieu à ce qu'il n'est plus : un acteur.
Deuxième argument : "Si vous aviez vécu  sous la Révolution Française, j'aurais eu peur de vous". Formidable reprise d'arguments de la droite d'aujourd'hui pour tout mélanger et revenir à la chose politique. C'est à la fois se trahir et se tromper. Montrer à quel camp on appartient soi-même : celui des privilégiés et des anti-révolutionnaires, alors même que faire de 2012 et de la mesure fiscale Ayrault un avatar de la Révolution est parfaitement déplacé. Mais de Bernard Arnault à Tapie et de Le Pen à Copé c'est le grand jeu du moment...Que des riches privilégiés d'aujourd'hui s'emberlificotent à se croire victimes de révolutionnaires de 1789, en dit long sur leur état de délabrement intellectuel et politique... Mais nous serons toujours des révolutionnaires de 1789! Nous en sommes les enfants et gloire à eux et à leur mémoire!
Alors sortent de prestigieux soutiens : Gad Elmaleh lui-même, chouchou n°1 du cinéma Canal Plus, y va de son tweet : 141 signes c'est sans doute déjà trop, mais il tente de penser : autant qu'il fasse bref... On n'entre pas comme ça dans la cour des grands dit-il à Torreton. Lui non plus n'a rien pigé. C'est cela qu'il vous reproche et que vous prenez si mal, le Torreton. De vouloir jouer avec les Grands de ce monde. Torreton vous demande de rester à votre place; être acteur ne donne aucun droit, aucun privilège, mais vous ne le savez plus....
Faut-il vraiment commenter les mots d'Arthur, ce pantin télévisuel qui croit être acteur parce qu'il peut s'offrir un "one man show" et qu'il tient la chaise de Pierre Tchernia depuis 20 ans??
Ce qui est vraiment jouissif dans cette hystérique prise de bec c'est de voir partir en live cette pseudo famille et cela montre que Torreton a vu juste. En dénonçant le comportement de Depardieu, il a sans doute révélé ce que beaucoup en bas de l'échelle pensent tout bas sur les nobles du cinéma Français. Irrespect, pouvoir absolu de la star, du fric, de la Téloche. Deuxio, il a révélé un certain nombre de solidarités de privilèges, pourrait-on dire de classe?, voire de caste?,  à l’œuvre dans le cinéma français. Son mot final "Adieu", sonne comme un renoncement : il sait qu'il va morfler d'avoir parlé. Que le pouvoir de nuisance de l'autre est terrible et que de beaucoup de productions, il va être écarté : la clique Dayan, les films à Dédé etc.... Dans la grande famille comme dans toutes les familles, il y a des secrets à ne pas révéler.
Tiens, à propos... , qui a demandé à Gérard  le montant des aides du CNC dont les films auxquels il participe ont bénéficié pour boucler leur budget grevé par les émoluments de la star? Qui lui demandera de publier les comptes de ses sociétés? De tout cela, nous n'avons pas parlé. Mais il aurait fallu sans doute...

4 commentaires:

  1. Et ironie du sort, mon cher Hubert, c'est que le Conseil constitutionnel (composé de sages de droite avec des comptes bien garnis et sûrement suissses,) viennent de rejeter l'impôt de 75% sur la tranche du million....

    Je suis un peu mort de rire... Moi qui paie mes impôts en retard...

    C'est clair que le milieu du spectacle et des médias en général est très hypocrite, mais c'est pareil partout...
    Combien d'hommes politiques de gauche ont des comptes en Suisse ?

    Ensuite, je suis déçu pour Luchini que j'aime beaucoup, mais lorsque les gens sortent de leur domaine de compétence, ils disent souvent de la merde, c'est pareil pour les enseignants. Ceux qui copient avec le pouvoir, l'adm et les inspecteurs pour être bien vus ect... Qui font les larbins en prenant pleins d'heures sup pour se gaver et ensuite viennent gueuler sur les réformes...

    Cette affaire interroge également le rapport à l'argent de la société française. Au contraire de nos amis américains, la France s'est bâtie sur la notion d'égalité plus que de liberté, et la France fût une grande terre de gauche où les inégalités ont toujours cristallisé la société.
    Et l'argent, lorsqu'on en a trop est très souvent suspect, on a exploité ou volé des gens, aux Etats-Unis, c'est que l'on a travaillé, qu'on a du talent et du mérite.

    Là, où je rejoindrais Depardieu (outre le fait qu'Ayrault a mal réagi), c'est que moi aussi, je serais tenté de rendre ma carte d'identité et si j'étais lui, je brûlerais également ma carte d'électeur, de toutes les façons, je ne vote plus, ça ne sert à rien dans ce pays d'enculés réac'.

    Sébastien

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    1. Et tu pourrais brûler aussi le permis que tu vas enfin avoir.
      Personne ne dit qu'il a volé son fric là n'est pas le problème : le pb c'est savoir quelle société on veut : l’hôpital pour qui? l'école pour qui?
      L'autre pb c’est quand l'irrespectueux en chef demande le respect. Mort de rire.

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    2. En quoi Depardieu est-il irrespectueux ? Il se comporte mal en public ? Peut-être, sûrement...
      Mais pourquoi alors ? Peu d'éducation ? Sentiment de puissance et /ou supériorité ?
      Dans l'histoire, c'est quand même Ayrault le plus irrespectueux... Il a croqué combien pour son aéroport qui va à rebours des préoccupation actuelles, des enjeux énergétiques et de transports à venir ?

      Moi, je pense plutôt que cela provient du télexcopage de deux légitimités au sein de notre société:
      -la légitimité démocratique que tu appelles de tes voeux, celle qui met en avant les principes des Lumières et les valeurs de solidarité (celle issue de l'Etat providence et en France de la République puis de la Résistance)
      -la légitimité capitaliste, celle de l'argent censé être fondé sur les principes de la liberté, du talent et du mérite. D'ailleurs ici, ctte légitimité rejoint quelque peu celle de la méritocratie démocratique, mais notre méritocratie en France n'est pas démocratique, en réalité.

      Mais au contraire de toi, je pense que le problème de fond reste l'argent, dans cette affaire. Pas l'argent sonnant et trébuchant, mais l'argent en tant que symbole. L'argent qui émancipe et dispense de l'effort, l'argent cynique et individualiste qui courcircuite la légitimité et les valeurs démocratiques.

      Sébastien

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  2. Un article qui va faire du bruit.... Et qui explique pas mal de chose, en fait, c'est toi (nous) qui paie leurs salaires et eux, en échange...

    [url]http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2012/12/28/les-acteurs-francais-sont-trop-payes_1811151_3208.html[/url]

    En libre accès sur le site du Monde, ce n'est pas pour rien...

    Sinon, la solution américaine, d'indexer l'impôt sur la nationalité, me semble une bonne solution contre l'exil fiscal.

    Sébastien

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