Les attentats qui ont eu lieu ont des répercussions politiques. Ils constituent un piège dans lequel certains sont déjà en train de tomber : ils vont avoir pour première conséquence le retour de mesures liberticides durables qui aux USA ont été un prétexte aux exactions les plus honteuses (cf. Guantanamo). Il convient donc d'être extrêmement vigilant à cet égard, et-ce d'autant plus que la "gauche" au pouvoir (guillemets de rigueur) cherche à se racheter une popularité en berne.
Le second piège est tendu envers les musulmans de ce pays et au-delà des musulmans de tous ceux qui sont assimilés par l'opinion comme tels, les personnes d'origine nord-africaine. Les exactions contre les lieux de culte musulmans ont commencé alors même que pas une voix n'a manqué de la part des responsables du culte en France et ailleurs pour condamner l’œuvre de ces terroristes qui crient "Allah est grand" mais n'en connaissent ni le visage, ni la voix, ni la douceur... Le piège a des victimes et il a ses bénéficiaires : le Font National n'a qu'à se baisser pour ramasser l'addition des peurs et des fantasmes : la division politique qui préside à la marche de demain est déjà du pain béni pour cette formation politique, qui faut-il le rappeler, est aux antipodes des valeurs de la République, et encore plus loin de celles de Charlie Hebdo. L'esprit de ce journal doit rester en tête pour analyser les conséquences de cet acte. Que diraient Charb et les autres devant des mesures qui, sous couvert de slogans "je suis Charlie", priveraient les uns et les autres de la liberté d'expression? La députée socialiste qui cherche à limiter la liberté d'expression des débiles approuvant ces actes odieux a-t-elle compris ce qu'était Charlie Hebdo et ce qu'il se passait? La liberté est un combat, permanent, et un territoire de combat, qui se gagne. La liberté d'expression ce n'est pas dire tous la même chose très fort; c'est débattre, voire s'engueuler et se respecter. Cela ne signifie pas que toutes les opinions se valent mais laissons aux fanatiques le droit de s'exprimer, et battons-nous pour qu'ils nous laissent le droit de le faire! Ce n'est pas en cachant le mal, ce qui nous heurte ou ce qui nous préoccupe qu'on se soigne! C'est en se le coltinant et en luttant pied à pied.
Dans ces conditions, faut-il ou non participer à la marche de dimanche? Ne va-t-elle pas faire le jeu des conservateurs les plus réacs, de l'anti-islamisme le plus minable, de la force policière liberticide etc? J'ai hésité et je reviendrai à mon sentiment initial loin des calculs politiques : j'irai en prenant soin de montrer les valeurs qui me touchent, la laïcité, la liberté, l'anticonformisme de la pensée...
Je mesure ce que cette marche dite d'union nationale a de contradictoire aussi avec l'esprit de Charlie : toute la France derrière eux, les cloches de Notre Dame, le deuil national, le pape même... Ils doivent être morts de rire. Mais, en attendant, c'est la seule manière pour moi d'être physiquement quelque part avec eux, au-delà de dessins envoyés, des lectures partagées et des pleurs qui depuis 3 jours reviennent sans cesse. En attendant aussi le réabonnement, car cette fois-ci, même si ce ne sera plus pareil, pas question de lâcher...
Joli texte. Et touchant.
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