mouette

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mercredi 8 décembre 2010

PIS ALLER...

L'enquête PISA de l'OCDE est parue : La France resterait moyenne par rapport aux pays comparables participants à cette étude des systèmes scolaires sur la base de travaux réalisés (questionnaires crayons - papier) auprès d'élèves de 15 ans. J'emploie le conditionnel et non le présent de l'indicatif comme toute la presse nationale qui prend ce genre d'enquête pour vérité. Pourquoi ce scepticisme? Non pour occulter les difficultés rencontrées par le système bien au contraire mais pour rappeler l'essentiel.
Premier point : ce type d'enquête peut-elle valider ou invalider un système scolaire? oui et non. Le système est une chose. L'enquête et ses résultats une autre. On me répondra que la finallité de l'éducation est le niveau des élèves quel que soit le système. Permettez moi de répondre que l'échec scolaire n'est que le reflet de multiples autres échecs et que la société est toute heureuse de se défausser sur l'école de ses propres tares!
Les promoteurs de PISA ont des idées tout à fait arrêtées sur ce qu'ils attendent et croient bon en matière de système scolaire. C'est leur droit et ils sont en parfaite conformité avec l'idéologie dominante. Celle qui pense que la Réforme est un mot sacré à sens unique. Rappelons que l'OCDE est une organisation de développement économique. Qui pense et publie en terme d'efficacité économique. D'abord. Que l'efficacité y est présentée comme le marqueur permanent de tout. Il faut être EFFICACE. Qu'est-ce que l'efficacité? Un ratio coût - résultat? Une notion mesurable, quantifiable incontestable ou un chiffre qui sera variable en prenant tel ou tel paramètre en compte?
Il existe des paramètres qui ne seront jamais pris en compte tant ils fâchent : au hasard l'attente sociale de l'école? Et si la réussite coréenne provenait non pas d'un système, d'une organisation scolaire mais d'un consensus social autour de l'école? Et à quoi attribuer la réussite scolaire de Shanghaï? Au fait, comme l'assurent les promoteurs de PISA (sans arrière pensées bien sûr) que les enseignants les meilleurs sont nommés là où ç'est le plus difficile, là ou ça craint, ou au fait que nous sommes là dans un système politique et social de contrainte forte?
Les véritables agressions verbales dont nous sommes victimes en conseil de classe, la pensée unique du tout numérique qui est en train d'effacer les relations de face à face parmi les acteurs de l'éducation, toute une somme de faits qui ne sont pas de détails, montrent que l'école est malade mais que la société l'est : elle ne veut plus d'école.
Travailler chez soi? Aberration!
Apprendre? Hérésie!
Réfléchir? Absurde!
Porter du matériel dans un sac? Contrainte d'esclave!
Vivre en société? Négation de l'individu!
Accepter des règles telles qu'éteindre son portable? Totalitarisme!
Mais encore : penser qu'il y a d'autres valeurs que le fric, la réussite sociale individuelle "matuvu", la propriété, les 4x4, le technologisme, le soi, le sursoi et que "l'enfer c'est les autres" etc? C'est aussi cela qui est porteur d'échec scolaire.
Alors oui l'école a du boulot d'intégration, des réflexions à mener sur le rythme de travail, le poids des cartables etc. Mais croyez moi : les cartables seraient plus légers si le môme était conforté dans l'idée que le savoir a du sens et une valeur intrinsèque. Le temps serait plus court s'il comprenait qu'apprendre c'est se libérer. Au lieu de quoi on lui assène que la liberté tient dans son fil à la patte, que le temps n'est précieux que s'il est sien. Et PISA ne mesure pas tout ça.

1 commentaire:

  1. Encore un jeu de mot de bistrot !!!

    Mais tout le monde sait que l'enseignement que est l'antichambre de l'alcoolisme... Dommage qu'on ait pas le moyen de ce vice....

    N'empêche, lorsque je regarde cette chronique et celles d'avant sur les fameuses "compétences", insulte à l'école et aux élèves, j'y vois une inquiétante similitude, une dérive qui guette l'enseignement. L'économie et le capitalisme s'introduisent insidieusement dans l'école, qui n'est plus désormais le "temple" du savoir, mais l'antichambre glauque du monde du travail...

    Sébastien

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