mouette

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mardi 17 novembre 2015

Mon drapeau à moi...

J'ai pas mis mon profil facebook en bleu blanc rouge. Non que je ne sois pas sensible aux symboles nationaux, non, mais.. Disons que j'aimerais qu'on sorte des symboles pour aller au sens. Et il y a dans le déferlement du mot France et du drapeau source de malentendus, qui me conduisent à prendre du recul sur la symbolique: je reçois via des "amis" nombre de messages dont l’ambiguïté nationaliste, pour rester poli, m'effraie... Par exemple, j'avoue, je suis très Marseillaise et je ne souhaite pas en changer une parole. Comme hymne à la liberté contre la tyrannie. Pas de problème. La nation est née politiquement à gauche contre l'arbitraire royal en 1789; l'identité nationale, elle, s'est construite progressivement depuis bien plus longtemps et on en trouve les premières manifestations au 13è siècle. Nul ne songe à contester la pertinence de rappeler les valeurs nationales quand il s'agit de rappeler ce que veut dire la nation dans la conception française : c'est à dire une nation ouverte à qui souhaite adhérer à certaines valeurs (liberté, égalité, fraternité). Mais la conception restrictive " bleu-blanc-rouge", la surestimation du pays, de la mère patrie, ce qui fonde le chauvinisme et le nationalisme, c'est évidemment autre chose, et c'est depuis longtemps l'apanage de la droite extrême. C'est un jacobin qui parle, c'est à dire que je considère comme important le rôle de l'Etat dans la construction de la République. Toutefois, en aucun cas il ne faut poser la nation comme un idéal indépassable, ni même faire croire à sa pérennité absolue, avec des formules oiseuses et qui se multiplient telles que : "le peuple de France est ardent, brave etc...." (Hollande au congrès hier). Les pays meurent, leurs frontières changent, les références bougent. Aujourd'hui, sans nul doute, l'appel à la nation est un appel aux valeurs : s'il n'est qu'un message de repli et de crainte, il manquera fondamentalement de pertinence. Si l'identité est évidemment un besoin, elle se niche dans de multiples recoins et non seulement dans les plis du drapeau. Si l'on veut être fidèle à la nation revenons au projet réel. Que n'exhorte-t-on pas les citoyens à s'exprimer et à créer (liberté?) ; à agir pour que chacun puisse avoir sa chance, et à lutter contre les exclusions (égalité?); que ne cherche-t-on à valoriser leur cité, à les inciter à s'observer en tant que membres actifs du groupe social, à leur ouvrir les yeux sur autrui, son voisin (fraternité?). Il faut inviter à repenser la nation à l'aune des nouveaux enjeux politiques plutôt que de faire briller avec une brosse à reluire des symboles abîmés dans une attitude contrite et défaitiste. Être Français ce n'est pas uniquement savoir la Marseillaise en agitant son drapeau bleu -blanc -rouge, mais avoir sur le monde comme il va un regard marqué par des valeurs universelles! Si la nation est notre cadre de vie depuis plus de deux siècles, et pour un temps encore, n'a -t-elle pas besoin d'un sérieux coup de scalpel, qui redonne à chacun "ce désir de vivre ensemble" dont parle Renan et qui fasse de notre héritage commun non une pièce de musée que l'on bichonne pour être fidèle à papa-maman, mais un patrimoine vivant? Assumant les erreurs d'un pays, ce que Mitterrand n'a jamais su faire par exemple, regardant non les effets bénéfiques de la colonisation pour s'autojustifier mais, regardant devant, s'attachant à savoir comment penser les rapports au Sud, comment envisager les problèmes écologiques majeurs, les aspirations collectives et individuelles. Bref, je ne possèderai pas de drapeau mais j'aurai toujours en tête les Révolutionnaires de 1789 et 1793 pour penser les révolutions à venir, abattre les nouveaux arbitraires et les nouvelles tyrannies (suivez mon regard), libérer les consciences, en un mot être cohérent avec le projet national qui est un projet révolutionnaire et non un projet d'enfermement Mon drapeau à moi alors qu'est-ce? Il flotte au vent marin, rouge évidemment, sans autres frontières que celles de nos consciences . Et j'entends la voix du grand Gilles Vigneault chanter: "Mon pays ce n'est pas un pays/ ... / de ce grand pays solitaire je crie avant que de me taire à tous les hommes de la terre : "ma maison c'est votre maison"/.../ mon pays ce n'est pas un pays, c'est l'envers d'un pays, qui n'était ni pays ni patrie..."

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