Ils parlent fort, vite et coupent la parole des autres. Ils clament des "vérités d'évidence" puisées dans les tréfonds des discussions d'ivrognes au bistrot du coin ou dans telle pseudo revue "scientifiques". Font valider ça avec trois chiffres, sortis par tel "expert" autoproclamé. Ils caricaturent les avis divergents et refusent les nuances. Ils adorent les micro-trottoir cette sous méthode de propagande de journalistes fainéants. Ils raffolent des formules toutes faites. Ils sont dangereux. Ce sont des aboyeurs. Praud, Zemmour, Brunet…
Le débat chez eux n'est qu'une litanie de provocations, de condamnations publiques : des "fatwas", finalement, pour prendre un vocabulaire qu'ils détestent et qui leur chatouillera l'ego. Ils ont leurs idiots utiles, tel ou tel penseur néo réactionnaire qui, hors Saint Germain des Prés, aiment fréquenter Arcachon et le Cap Ferret, Deauville -mais pas trop longtemps- et surtout aiment se regarder à la télévision, dernier miroir qui les flatte. Cela fait longtemps que celui de leur salle de bains ne leur renvoient que leurs rides, leurs cheveux blancs et l'amertume de carrières ratées : les Bruckner et consorts.
Derrière leurs discours, une haine de ce que la société est. Une détestation des minorités; une posture de victime, renversement ultime.
Ils prétendent être hors système : ils sont le système et font la courte échelle à Marine Le Pen dans son accession au pouvoir...
Ils prétendent représenter le "peuple" silencieux. Ils sont les serviteurs du populisme le plus vil qui instrumentalise l'ignorant et le conforte dans son ignorance. Ils favorisent par leurs outrances le développement des fanatiques de tout poil, les complotistes, les racistes décomplexés.
Ils ont leurs chaînes de télé : ils sont les serviteurs d'un grand capitalisme qui rêve d'un peuple de moutons dociles asservis et consommateurs. L'info n'est qu'un business dont ils se gavent. Les aboyeurs sont des viandards aussi dans leur genre.
Les réseaux sociaux les font tourner en boucle. La punch line est leur manière d'argumenter. Ils sont Trump, Bolsonaro etc : asséner, asséner et asséner encore pour faire ingurgiter la bouillie de leur "pensée" à une opinion spectatrice.
Les aboyeurs ont la bave aux lèvres, ils réclament à grands cris des "mesures", des expulsions; ils font des amalgames et mélangent tout : l'écologie, l'islamisme, les libertés. Prétendent être "Charlie" et ce journal est aujourd'hui contraint de s'en défendre!
Les aboyeurs sont servis par la fainéantise des journalistes, ou surtout par l'exigence de productivité dans la production de l'info, qui fait qu'on publie en boucle des dépêches d'agence au lieu de bosser, vérifier, rédiger, enquêter. Ils sont servis aussi par la flemme intellectuelle du public à qui ils s'adressent, plus avide de sensations, de confort rassurant, que de recherches de vérité, d'efforts donc, et de remises en cause.
Face à eux, que valent les discours raisonnés des enseignants que nous sommes et qu'était Samuel Paty? Pas grand chose. Le combat est perdu d'avance. Mais il faut le mener. Comme dit Macron à propos de tout. C'est la guerre.
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