Macron semble préparer l'insurrection. Jusqu'alors il refusait d'écouter les manifestations massives qui s'opposaient à sa politique (cf les épisodes "gilets jaunes" et "Retraite"). Désormais il s'oppose aux résultats des élections : refus de reconnaître la coalition victorieuse, refus de tenir compte que les opposants radicaux certes de bords différents sont les vainqueurs de ces élections européennes et Législatives. Condamné à une formule de type Troisième République, le voilà nu comme un ver, sans aucune carte dans la main. On lui suggérerait bien une solution : la démission. Il choisit de rester et de forcer le destin. Attention à l'insurrection!
la mouette rouge
Blog citoyen. Décryptages et opinions.
mercredi 28 août 2024
vendredi 28 juin 2024
Sacré?
Rien d'humain n'est sacré. C'est ce que devraient arriver à penser les plus fanatiques des religieux. Ceux qui pensent et croient au fond d'eux-mêmes qu'une divinité nous gouverne, devraient en toute logique arriver à penser qu'aucun acte humain n'est sacré en tant qu'il est celui d'un être inférieur au sacré lui-même, Dieu, si tant est qu'il existe. En ce sens, je rejette toute idée de sacré : nul texte, aussi sage soit-il, ne peut prétendre être sacré. La Bible hébraïque est écrite durant des siècles et des siècles lors du 1er millénaire. Les Evangiles sont écrites à partir de 50 et jusqu'à l'aube du second siècle de notre ère. Résultats de réflexions d'hommes, sages ou moins sages d'ailleurs. Le Coran, écrit après la mort de Mohammed, n'échappe pas à la règle. Tout texte est produit d'une société, d'un temps, d'un contexte.
Il en va de même des idéologies et des textes philosophiques. Ils contiennent des bribes de vérités sans doute, mais ne sont que des systèmes de pensées élaborés en un temps "T", dans un espace donné. Accéder à l'universalité est possible, mais telle pensée humaine saurait-elle être sacrée?
Ce qui m'apparaît comme évident en tant que praticien de l'histoire, c'est la commune humanité qui nous lie, hommes de temps et d'espaces différents. Les peintures rupestres de Chauvet sont d'une beauté qui me parle. Les hommes du Moyen Âge sont absolument fascinants et leurs réalisations m'interpellent. La beauté stupéfiante du buste de Néfertiti ou des statues grecques, tout ceci nous conduit à nous relier les uns les autres, et à penser qu'une vie vaut une vie, absolument. Voilà un principe sacré, peut-être.
Ce qui est précieux c'est telle plante qui se faufile dans un chemin de lumière en plein sous-bois ou à travers deux plaques de goudron. Ce qui est mystère sacré, c'est cette pléthore d'escargots au lendemain d'une nuit pluvieuse. Ceci nous ramène à des éléments qui nous dépassent, nous ont précédé et nous succèderont.
jeudi 27 juin 2024
Abandon
Au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle de 2002, naissait l'idée de la mouette rouge avec des copains engagés. L'idée était de diffuser les idées politiques sur ce média nouveau qu'était internet (apparu en France en 1997). 22 ans plus tard, force est de constater que rien n'a fonctionné. On arrête. Stop.
Depuis 22 ans nous avons publié des centaines d'articles sur tous les modes : la contestation , l'argumentation étayée, la dérision. Rien ne fonctionne. Nous sommes inutiles.
Face aux forces des médias mainstream, face à la démagogie d'Hanouna et à la puissance d'argent de Bolloré que pouvons nous faire? Rien.
Nous avons parallèlement, bien conscients de la fracture numérique, bien plus que beaucoup à gauche d'ailleurs, développé les contacts réels sur le terrain, ce qui signifie : dans les assos, dans la rue, dans les bars, dans la création de journaux indépendants. Nous y avons laissé des forces et un peu d'argent aussi, disons-le.
Depuis des années, nous ne cessons de déplorer la fracture entre les partis et la population, quelle qu'elle soit. Contre la tyrannie des médias, la tyrannie du fric, nous ne pouvons pas lutter autrement qu'à nos échelles locales. Aujourd'hui, les digues ont rompu. Je ne me sens pas coupable, ni même responsable. J'ai fait, à mon échelle ce que je pouvais.
J'abdique, je ferme, rideau.
Abandon de poste devant l'ennemi? non. Juste pas finir usé et aigri devant des camarades qui n'en sont pas, des alliés qui se défilent. Bon je sais que j'y reviendrai, trop besoin d'écrire ce que je ressens. Mais sachez que ces articles ne me font pas plaisir. Je suis fatigué d'être en colère. Et il y a tellement de raison.
lundi 10 juin 2024
Lettre à nos gouvernants et prétendants.
Cher Manu, (sauf ton respect : je te tutoie tu as l'âge d'être mon élève)
Raphaël, tu permets qu'on se tutoie? ( j'ai voté PS avant toi, camarade...),
Jean-Luc, pardon, Monsieur Sa Majesté Mélenchon Jean Luc ,
Chers amis écologistes ( à qui faut-il s'adresser?)
Mon cher Fabien, (2% c'est 2 % : faut s'y faire)
Ainsi, par vos âneries, vous dressez le tapis rouge aux héritiers de l'OAS, du Vichysme assumé, du fascisme.
Il va falloir que vous vous repreniez car nous, électeurs de gauche, peuple de gauche disait-on il fut un temps, on en a marre.
Que l 'ordure de Président joue à la politique comme un enfant, on pourrait s'en foutre, si en face, et c'est vous mes "camarades" que je vise, il y avait du répondant. Au lieu de quoi ces messieurs dits "de gauche" s'écharpent et ne pensent qu'à pointer le millième qui les différencie.
Honte à vous, et à vous la responsabilité de l'échec! Quand sortirez vous du 7e arrondissement pour voir ce qu'il se passe en France?
Oui ceci est un appel à l'unité! Mais on voit bien qu'à l'impossible, réunir des débiles narcissiques, nul n'est tenu. Alors, certes, vous ne souffrirez pas, vous, du FN au pouvoir. Mais ceux qui en souffriront sauront noter vos noms et vos adresses. Préparez vous. La lutte sera sans nul doute sanglante et n'épargnera pas grand monde dans le camp des faux offusqués.Quand vous souffrirez il sera trop tard. Le Pen sera au pouvoir et ne fera rien pour vous, cette fois-ci. Mais vous lui aurez préparé l'ascenseur...
ça va barder, là!
On ne sait plus trop par quoi commencer.
Entre l'enfant de l'Elysée qui joue au président et l'enfant en tenue de pompes funêbres qui joue les premiers de la classe...
Entre la gauche qui joue à "je t'aime, moi non plus" se dispute, se compte et se déchire. Entre les nervis proto fachos de LR tendance Ciotti qui menacent du haut de leur 5%...
Entre les irresponsables qui atomisent l'offre électorale entre 38 listes, rien que ça...
Sans oublier l'électeur qui choisit de donner la majorité aux Européennes à une liste conduite par un député européen particulièrement inactif et anti européen... Rassurez vous il touche quand même son indemnité parlementaire (8000 euros net mensuels tout de même)!
Faut-il dans ce tableau désespérant condamner l'abstentionniste? Faut-il l'absoudre? Doit-on à ce marasme se résoudre?
Macron joue au président. Il a usé presque toutes les cartes : 49-3 à gogo, remaniements, propagande, répression. Il lui restait la dissolution , c'est fait, le référendum (ça va pas tarder sauf si cela le conduit à la carte démission...) et enfin les pouvoirs spéciaux de l'article 16...
Bardella se la joue fils respectable et gendre idéal : cela reste un élu populiste d'extrême droite qui joue sur les peurs et ne s'embarrasse pas avec ses contradictions programmatiques. Plus c'est gros plus ça passe...
LFI joue les gros bras mais 10% cela donne droit à quoi? Le PS se refait une santé mais personne n'a oublié ses trahisons. Quant aux communistes, ils passent leur temps à se compter : mais il faut s'y faire : 2% c'est 2%...
Macron prend un risque considérable d'installer l'extrême droite à Matignon. Il fait le pari du sursaut ou du pire? La prochaine assemblée risque fort d'être ingouvernable.
Quoi qu'il arrive, ça va barder, là!
dimanche 9 juin 2024
HONTE
Honte! Le pays "des droits de l'Homme", les guillemets sont plus que jamais de circonstance, place le facho Bardella en tête des élections à une focntion qu'il ne daigne pas occuper : absent, méprisant, il touche juste le fric du mandat. Quand les partis de gauche se redresseront-ils avec un peu de dignité et s'occuperont-ils de remettre la question sociale au cente du jeu? Quand se décideront-ils à enfin arrêter de placer leur ego en première ligne? Camarades, relevez-vous! Adieu la France.... Porcherie!
samedi 2 mars 2024
La deuxième mort de Missak Manouchian
Missak Manouchian est mort une deuxième fois.
On devrait se réjouir de la panthéonisation d'un vrai héros (si ce mot a un sens) de la résistance. Mais on ne peut pas. Pas vraiment. Pas du tout.
Missak Manouchian est mort sous les balles des nazis, trahi. Arménien, poète, ayant deux fois demandé la nationalité française, et deux fois elle lui fut refusée. Communiste, membre des FTP - MOI (Franc-tireur partisan - Main d'œuvre étrangère), il se battait pour des idées. Le représentant de ce mouvement, 93 ans, s'est vu refuser l'accès au panthéon le 21 février dernier, parce qu'il en portait la bannière... Communiste. Sans doute un gros mot pour les gouvernants d'aujourd'hui.
Immigré. Les mêmes qui panthéonisent (à tour de bras, récupération, récupération...) font voter la loi "immigration-Darmanin". Ils n'ont donc aucune honte, aucune gêne, à prendre d'une main ce qu'ils donnent de l'autre. Sans vergogne. Ces gens, avec leur idéologie, auraient sans nul doute expulsé Manouchian en 1939. Ils l'auraient peut-être même dénoncé, ou exécuté, qui sait? Après tout, le RN, pour qui certains macronnards affirment préférer voter contre les communistes, est né des anciens Waffen-SS français de la LVF. Honte à eux!
A Clamart il existe une forte communauté arménienne, active et bien intégrée. Arrivés après le génocide, les Arméniens ont eu un accueil plutôt positif qui fait que lorsque Vichy dénaturalisait les Polonais juifs à tour de bras, les Arméniens étaient plutôt épargnés, et tant mieux. Valait mieux être chrétien en ces temps-là. Aujourd'hui aussi. Le discours de M. Berger, maire de Clamart, lors d'un hommage à Manouchian ce 2 mars restera comme un sommet de réécriture de l'histoire. Ainsi Manouchian s'est battu contre un génocide car victime d'un génocide...Ainsi Manouchian fut-il le trait d'union entre la France et l'Arménie...Balivernes. De ses idéaux, il ne fut pas question. Notons dans la bouche du maire cette expression : "c'était un homme d'action..." Oui. Il a pratiqué l'action violente, ce que l'on appelle "terrorisme" quand on veut disqualifier les gens... Tiens..? Manouchian n'est plus un terroriste. Mais Julien Coupat, oui! Ah ce mot...
Décidément, la mémoire, ou plutôt l'obsession mémorielle, joue des mauvais tours à l'histoire parfois...
La vérité c'est que Manouchian était communiste, résistant, se battant non pour l'amitié franco arménienne mais bien pour des idées de justice sociale et de liberté politique, et que la France (parti communiste inclus, question de stratégie politique tripartiste) a eu bien du mal à l'accepter. La vérité c'est que le poème d'Aragon devenu la chanson de Ferré a été interdite d'antenne jusqu'en 1982. La vérité c'est que de Gaulle voulait une résistance bien française et que française. Ironie de l'histoire, cette chanson est jouée au Panthéon lors d'un hommage national. Diable de Macron, bien habile.
Alors?
Alors aujourd'hui, ceux qui président à cet hommage, en font des tonnes et l'instrumentalisent, devraient pourtant faire profil bas. Car, s'il était vivant, nul doute que Manouchian serait en première ligne dans la lutte contre un pouvoir policier, raciste et antisocial.
La résistance est largement un mythe, construit dès le discours du 25 août à l'hôtel de ville de Paris, même si les résistants ont existé bien sûr. Ce qu'il y a de plus solide dans "la" résistance, factuellement, c'est le CNR et son programme, que déconstruisent pourtant jour après jour les gouvernants qui osent s'en réclamer. Il faudrait autour de cette histoire une thèse et non un simple jet de colère.
Finalement, réécouter sans lassitude le magnifique hommage d'Aragon et Ferré. Et Feu Chatterton ne démérita point dans l'exercice, le 21 février dernier. Qui devrait être un jour béni. Gloire à Manouchian, immigré, résistant, poète, homme sans haine.
Pour faire le point sur ce dossier le minuscule livre d'Annette Wieviorka, paru il y a quelques jours et que je viens de découvrir : Anatomie de l'Affiche rouge, Le Seuil Libelle.
dimanche 14 janvier 2024
Vieux monde
Le président Macron promettait il y a des lustres d'en finir avec le "vieux monde", les vieilles recettes et la politique à papa. Résultat, dès son élection, il se comportait en monarque d'un autre temps, se proclamant "Jupiter", renouant ainsi avec les pires heures de la monarchie républicaine.
Le remaniement qui vient d'avoir lieu illustre à quel point le Président est prisonnier d'une vision dépassée de la politique et des institutions poussiéreuses de la Vème République.
Croire que changer de Premier Ministre peut intéresser et motiver l'électorat me semble être une vision totalement erronée de la crise profonde de la politique dans ce pays et ailleurs. Les citoyens savent que rien ne changera réellement et que par delà les noms et les visages de la galerie politique, les politiques, elles, seront maintenues. Non pas qu'il soit impossible d'agir autrement, mais les volontés en œuvre sont celles de rapport de domination et de classe qui dépassent largement le personnel gouvernemental.
Pour réconcilier les citoyens et la politique il faudrait que ces citoyens soient parfois écoutés et entendus et non méprisés comme ils le sont depuis des décennies maintenant.
Il faudrait de vraies transformations institutionnelles qui garantissent l'existence de contre pouvoirs, de voies d'accès des citoyens aux processus de décisions, des réformes profondes de la représentation publique (sur le non cumul et les modalités de renouvellement des mandats par exemple), une transformation des systèmes électoraux.. Bref, une nouvelle République!
Alors on subit un énième changement de gouvernement dans l'indifférence la plus totale et là où les gens bien intentionnés scrutent le changement, que voient ils? Le retour de personnalités historiques du sarkozysme, des pantins du macronisme, des sinistres mis en examen, tous à droite et à droite toute! Une permanence totale en réalité, maquillée par un record de précocité -soit dit en passant une vraie garantie d'inexpérience, de méconnaissance et de suffisance-, ce dont tout le monde se moque.
Une ministre de l'Education nationale qui dès son installation insulte l'école publique, et qui de toutes façons, comme toute cette classe politique d'ailleurs, met ses mômes dans le privé parce que "quand même, le public, ma bonne dame, c'est fainéants et compagnie".
Depuis 2017 le démantèlement des services publics, déjà bien entamé par une prétendue gauche de gouvernement, ne fait que s'accélérer. Qu'ils soient classés à droite ou au centre les ministres de Macron ont tous servi une authentique politique néolibérale de droite dure et autoritaire, aussi bien dans la sphère économique que dans la sphère des libertés civiques. Une politique libérale servie par une police et une justice aux ordres et n'ayant pas peur de frapper fort le plus faible. Et la France de sombrer dans une "démocratie autoritaire" aux yeux de l'Europe et du monde entier.
Des éditorialistes parlaient mardi soir dernier d'un tournant dans le quinquennat car il y avait la possibilité d'une "ouverture à droite" (je cite) Stupéfiant. La droite est au pouvoir depuis 2017 sans nul doute quelles que soient les origines politiques supposées ou réelles de nos gouvernants. Tous les ministères régaliens sont tenus par des anciens serviteurs du sarkozysme ou du chiraquisme, et si les figures du "macronisme de gauche" furent des ministres de Valls et Hollande n'oublions donc pas que ce socialisme là, fut le plus traître qu'il ait été possible d'être... L'obsession de ces gens est d'identifier une gauche extrême parmi les personnes qui furent pourtant leurs camarades de parti. Mais cela faisait tellement longtemps que le PS était rongé de l'intérieur... En a-t-il d'ailleurs un jour été autrement? Question à poser.
Aujourd'hui le macronisme continue à hausser le menton, à bomber le torse et à avoir un discours d'autorité : sur l'école, l'immigration, la laïcité. En réalité ce discours s'accompagne de toutes les conditions pour aggraver la situation des services publics et de la fragmentation sociale du pays.
Hôpitaux en ruines, école ravagée, frontières fermées alors que de nombreux métiers en tension ont besoin de main d'oeuvre... Tout est fait pour que la droite la plus extrémiste, née du Pétainisme et issue des années Trente, raciste, homophobe, liberticide, réactionnaire, arrive au pouvoir. Tout est fait pour complaire aux lobbys les plus nocifs (agriculture, chasse, alcool). Tout est fait pour désengager la France des objectifs de transition écologique, pour continuer à agrandir des métropoles tentaculaires au détriment des autres territoires, développer des transports routiers, comme si on manquait réellement d'autoroutes dans ce pays... On va dans le mur et on accélère.
Trois ans encore ça va être long...
samedi 4 novembre 2023
Dire Straits live! Si, si...
Dire Straits Live.
Les fans pensent immédiatement à la grosse machine Alchemy, bien huilée, déroulant des morceaux de 12 mn, avec des solis de guitare de malade et une batterie en mode mitraillette. Les détracteurs pensent immédiatement ennui profond, absence d'impros, morceaux étirés, sax pénible et j'en passe. Et puis les puristes du groupe pensent "1979"... C'est à dire une époque où ce groupe était encore dans la joie, en formation originelle et venait sur scène défendre sa musique.
Le 21 décembre 1979 c'était au Rainbow Theater, Londres. La veille The Police foulait cette scène. La semaine précédente c'était Queen...
Le groupe d'alors : guitares, basse, batterie. Nothin' else.
Une virtuosité à la guitare, solo, certes mais beaucoup plus que cela. Une grosse basse qui s'amplifie au fur et à mesure du concert, un chanteur qui s'éclate -ça paraît dingue-, une énergie de fou et un batteur ultra inventif et efficace, l'oublié Pick Withers. Les morceaux sont plutôt concis, ciselés, et joués sur un mode rapide à la recherche du groove (In the Gallery, Southbound again, Setting me up). Il s'agit aussi de faire bouger ce satané public : le rappel avec Phil Lynott, le pote leader du groupe irlandais majeur d'alors (Thin Lizzy pas U2!), aligne 4 standards de rock'n'roll dont Nadine et Keep on Knocking, fabuleux. C'est l'apogée à mon humble avis de ce groupe.
Pas de chichis, pas d'intros particulière, juste le fun et c'est excellent. C'est dans le coffret Dire Straits Live 1978/1992 et ces deux CDs du Rainbow valent bien l'achat!
Pour les amateurs du Dire Straits routinier de la fin de l'aventure, le live On the Night original sorti à l'époque est augmenté de 7 morceaux. Mais on s'en fiche un peu.
jeudi 2 novembre 2023
L'échelle du temps
Cet article paraîtra affreux. Tant pis.
A l'échelle du temps, pour l'instant, le conflit israélo palestinien n'est encore que... rien ou pas grand chose. Une micro chiure de mouche.
C'est illisible à ceux qui vivent ce temps court, ces dernières 70 années de massacres, de trêves, d'occupation, de traités foirés et de terrorisme. Je le sais, mais ce n'est pas de ma faute.
Inversement, les 12 années d'hitlérisme ne furent pas "rien" à l'échelle du temps avec leurs 5.5 millions (au moins) de morts Juifs, massacrés parce que Juifs. Le nombre, l'idéologie, la méthode. Ceci pour invalider toute forme de comparaison entre l'imbécile de Netanyahu et Hitler, et pour ramener à la raison ceux qui s'égarent en d'absurdes comparaisons.
Le temps des monothéismes à l'échelle de l'histoire humaine, est ridiculement court et férocement destructeur. Le temps des nationalismes est encore plus bref et peut-être plus destructeur encore. Songez qu'il y a 40 000 ans des hommes dessinaient des splendeurs au fond des grottes de Lascaux et Chauvet. Ils croyaient en des choses et dessinaient, peut-être en résonnance avec ces croyances. Ils ne se massacraient pas entre eux. En même temps, ils étaient moins.
L'agriculture, l'écriture et les monothéismes créant la propriété, l'éternité et la singularité absolue, massacrent la commune humanité depuis 12 000 ans (pour l'agriculture), 6000 ans (l'écriture), 3000 ans (le monothéisme). Quasiment rien à l'échelle du temps humain, rien du tout à l'échelle du temps terrestre. Et ces mecs (c'est quand même souvent un truc de mecs) se la jouent éternels... A propos, beaucoup de peintures rupestres étaient faites par des femmes semble-t-il.... Mais je veux pas offusquer les gens qui croient au genre, ni ceux qui n'y croient pas. C'est juste factuel.
Le propre des fanatiques étant de ne surtout pas réfléchir, ils ne prendront jamais le temps de mettre à distance ce qu'ils vivent ou veulent vivre au regard de l'Histoire. Et c'est dommage. C'est cela la nocivité des croyances, ou plutôt des religions. Mais croyez m'en, cette terre ne vous appartient pas. Ni aux uns, ni aux autres.
Et vous disparaîtrez nations, croyants, et les uns et les autres. Et d'autres vous remplaceront.
Israël, Palestine, France, Russie... un jour, ces mots seront aussi creux et lointains pour nos descendants que ne le sont l'empire Assyrien et Babylone à nos oreilles incultes. Késako?
Et l'histoire se souviendra, peut-être, d'imbéciles malheureux.
vendredi 27 octobre 2023
Rolling Stones Blues
Qu’attendre d’un album des Stones en 2023 ? Rigoureusement rien. Ça fait un demi siècle que ce groupe ne fait que cultiver sa propre légende, écrite dans le laps de temps 1965 avec une flopée de disques si bons que c’en est irréel. Lorsque je constate que j’ai vu des Stones sur le retour au Parc des Princes lors de ce qui fut la tournée Flashpoint puis à l’Olympia en 1995, cela est vertigineux. Un demi siècle de routine ! La longévité stupéfiante de l’entreprise est en soi sidérante.
Qui dit mieux, hormis Bob Dylan, lui-même légende vivante?
Alors pourquoi écrire ? Parce que mon ami Jérôme, collectionneur de vinyles devant l’éternel, me recommande de l’écouter. Parce que Le Figaro se fend d’un article assassin intitulé « rock en toc ». Mais qui pourrait bien consulter Le Figaro avant d’acheter un disque de rock ? « Nobody » dirait ma belle-mère ! En tous cas je fais plus confiance à Jérôme qu’au Figaro, s’agissant des Stones. Que ce journal n’aime pas d’ailleurs me ravit… On a les ennemis qu’on peut.
En quelques mots, le disque serait même nul et « irrespectueux ». Mais de qui se moque-t-on ? Jamais les Stones n’ont été aussi respectueux : eux qui omettaient de créditer Marianne Faithfull au temps de leur apogée, nous créditent même le type qui a eu l’idée du titre du disque !!! Incroyable honnêteté. Pour le reste, personne n’a jamais obligé quiconque d’acheter un disque. Donc bon. Et puis les Stones ne prétendent à rien d’autre que d’être de faire de l’entertainment, et-ce depuis le début,
Alors, que reste-t-il de ce disque ? Il débute comme on attend qu’un disque des Stones débute depuis les années 80. À savoir un riff impeccable et un truc qu’on retient instantanément.
Puis on passe directement au boogie bouillie punky bâclé dans la joie avec Polo Macca à la basse fuzz ! Entretemps une ballade stonienne classique nous a chatouillé l’oreille. Ce disque va nous permettre d’écouter le meilleur titre d’Oasis depuis What’s the story morning glory (je vous laisse trouver la chanson tout seul : na et ahahaha! : un indice : ça commence par « The streets... ») !
Le reste on s’en fout complètement, mais l’album se clôt sur ce que les Stones font de mieux et le plus sérieusement : une reprise de Muddy Waters : Rolling stone blues. La guitare de Keith, la voix et l’harmonica de Mick. Un standard. Un adieu ? En tous cas ce serait la fin parfaite d’une carrière débutée vraiment à Chicago (si, si…)
Sur ce, je vous conseille de réécouter en boucle Let it bleed.
dimanche 15 octobre 2023
Prof
J'suis prof'. J'enseigne l'histoire géo et l'EMC. En gros pour résumer :pourquoi c'bordel (HG) et comment vivre avec (EMC)?
Je suis pas là pour donner des leçons de comportement et des recettes de bonheur. J'essaie modestement d'apporter un peu de lumière au sombre tableau de nos siècles de massacres, de haines, de rancœurs nationales, religieuses, sociales... La lumière fait mal aux yeux les plus engourdis, aux regards les plus assombris... Trop pratique de fermer les yeux quand le tableau n'est pas joli.
Je déteste les explications faciles et les causalités d'évidence idéologiques. Ca aide d'avoir des schémas tout faits, mais l'histoire n'a de cesse de montrer que les choses sont complexes, entrelacées, mêlées dans d'inextricables labyrinthes. C'est ce qui est passionnant car nous sommes parties intégrantes du labyrinthe et non des pions au milieu d'un tout extérieur. Nous sommes le monde et non dans le monde. Etre modeste, car si je suis partie du monde, l'autre l'est de même. Tous les autres...
Alors tolérance obligatoire.
Les nations naissent et meurent, n'en déplaise aux nationalistes de tout poil. Les religions croissent et décroissent n'en déplaise aux croyants. Les systèmes se transforment, les langues aussi, n'en déplaise aux nostalgiques. Le pouvoir et les rapports de force se modifient au gré de variants innombrables...Le monde est transformiste et l'histoire raconte cela.
Quoi de permanent? Pas grand chose. Les continents se meuvent et certains événements d'une triste actualité nous le rappellent : 2000 morts en Afghanistan la semaine dernière...
Le soleil s'éteint. Et personne ne le rallumera. La seule certitude c'est que dans ce grand bazar qu'est l'univers, les sociétés ont des possibilités de maîtrise, relatives, mais réelles : les rapports entre les hommes, les rapport entre les espèces (nous et les animaux, nous et les végétaux) se pensent au regard de la raison et au regard de la science. C'est le but de la politique et de la technologie que de gérer tout cela.
C'est mon métier que de dire tout cela, de hiérarchiser certains éléments, d'en oublier d'autres aussi, car nous sommes vulgarisateurs pour un public lambda, tous, et non spécialistes pour une assemblée d'experts...
Ces choix, ces explications heurtent celui ou celle qui n'est pas prêt à l'entendre. Pour de multiples raisons : souffrance personnelle, croyance, conviction, ignorance, etc, etc.
Chercher à éclairer devrait être exaltant : c'est souvent pénible. L'impression d'une lutte sans fin, d'être à contre courant tout le temps, de ne pas vivre au même rythme. Et à cela, faire triompher le rythme de la sagesse, les politiques de tous bords ne nous aident pas, à vouloir vivre au rythme de la lumière et du son. Le rythme du savoir n'est pas non plus celui des affaires et celui de la célébrité. Les gamins rêvent de Qatar et de Dubaï, les adultes rêvent de fixer le monde. Jouir et fermer les yeux. Mon boulot c'est l'inverse.
Dans sa chanson l'odeur de l'essence, Orelsan dit très bien tout cela : "tout est binaire", "nostalgie d'une époque où d'autres étaient déjà nostalgiques d'une époque où d'autres étaient déjà nostalgiques d'une époque où d'autres étaient déjà nostalgiques etc"
Moi je le dis avec des exercices, des documents et la raison. Trop difficile. Pour cela maintenant on assassine. Les profs deviennent les cibles de la frustration, les boucs émissaires faciles. L'Ecole cristallise le mécontentement des parents comme des enfants.
"Evaluez" m'ordonne-t-on. Mais tous les jours, les premiers concernés refusent les résultats de l'évaluation.
"Soyez laïc!" me dit-on. Mais, dans ce siècle, plus personne n'accepte les conséquences et les voies de la laïcité.
"Enseignez l'honnêteté intellectuelle et le savoir" me demande-t-on. Mais tout le monde ment partout tout autour, et la crétinerie gagne le combat.
J'suis prof. Et fatigué de l'être. J'suis prof et dégoûté. Non je ne travaillerai pas plus à continuer à me former sur mon temps de congé. Non je ne travaillerai pas plus même pour une prime de 70 euros brut par heure. La société a l'Ecole qu'elle mérite.
J'suis prof. Mon métier est d'enseigner l'histoire géo et l'EMC. Je continuerai à le faire mais avec le goût amer dans la bouche. Pas peur. Dégouté. Mourir pour ça...
samedi 14 octobre 2023
assassinés
Hier, mon collègue Dominique Bernard a été assassiné pour s'être interposé face à un tueur qui cherchait, semble-t-il, un prof d'Histoire-géo (J'emploie ici le conditionnel). Il y a deux ans j'écrivais ceci, à propos de l'assassinat de Samuel Paty.
"Un collègue est mort assassiné d'avoir voulu enseigner. C'était son métier et son devoir : enseigner l'esprit critique à travers un document, la caricature.
La nature même du document invite à la réflexion : « charge d'une façon exagérée » (du verbe italien caricare, venu du latin carricare : charger, lester un char de poids), par extension « en rajouter »
Pour être clair charger la mûle!
On sait, ou l'on doit savoir, quand on voit une caricature, qu'elle est déformation, exagération et non manifestation de vérité. Même si certaines vérités peuvent se glisser sous l'angle de nos réactions. Et notre société l'autorise. Le blasphème n'est blasphème que pour le croyant. L'incroyant, l'autre croyant, ne peut voir de blasphème là où n'est pas son dieu. Il peut néanmoins le concevoir et il peut aussi assumer de blasphémer.
L'enseignant se doit d'enseigner. Personnellement je montre ces documents en lien avec la liberté d'expression. Et aussi la liberté de croire de chacun et la respectabilité des croyances. C'est ma manière d'équilibrer les choses : le droit au foulard des parents accompagnateurs (par exemple) et le droit à caricaturer le prophète.
C'est l'enjeu de la laïcité : un triangle simple et fragile, équilatéral:
Premier côté : la liberté de conscience (croyances et incroyance).
Deuxième côté : l'égalité des postures ainsi nées de cette liberté.
Troisième côté : la neutralité nécessaire de l'Etat qui en découle.
Nous continuerons à montrer les caricatures. Nous continuerons à enseigner l'importance du fait religieux dans l'histoire des civilisations. Nous continuerons à rester neutres. Libres; égaux; neutres."
Parce que fonctionnaires d'un état laïc, les enseignants sont devenus des cibles. Doivent-ils se résoudre à ne plus enseigner la laïcité? Doit-on modifier la doctrine de l'Etat laïc? Bien sûr que non. Mais ils ne peuvent être les victimes sacrifiées d'un gouvernement qui agite les manches et hausse la voix mais ne fait rien. Où est l'argent de la lutte contre la radicalisation? Concrètement, que fait-on à part des rondes avec des voitures ciglées "Vigipirate" sans aucun effet?
mercredi 30 août 2023
Abaya : problème ou solution?
Il y a en France 58910 écoles et établissements dans le 2nd degré, dont : 48 220 écoles, 6 980 collèges, 3 710 lycées (source ministérielle)...
Ces établissements accueillent près de 12 millions d'élèves. Si on considère une semaine à 5 jours d'école il y a donc environ 60 (12x5) millions de journées scolaires par semaine pendant 37 semaines ... Soit 2 220 (60x37) millions de journées scolaires...
Il y a environ (chiffre délicat car pas de bilan global mais des données éparses) en moyenne 300 signalements d'atteintes à la laïcité par mois sur le territoire (904 cas entre avril et juillet 2022, 627 entre décembre 2021 et mars 2022)... Généralement ces chiffres sont plus importants au premier trimestre de l'année scolaire où se commémorent (ou non) les événements tels que le 11 septembre , l'assassinat de Samuel Paty, les attentats du bataclan...
Une note récente donne les chiffres suivants : 4710 remontées d'incidents en ( = 392.5/ mois) en 2022/23 pour 150 établissements concernés.
Ces chiffres permettent de dire :
- Sur la totalité du territoire, pris globalement, comme aime tant à le faire notre chère administration pour tout autre sujet, les atteintes à la laïcité ne sont pas un sujet. Dans la plupart des établissements, la plupart des jours de classe, pour la plupart des enfants et adolescents, on n'a aucun problème...
- Par contre, dans certains quartiers, ou établissements, il y a effectivement un problème réel dont on peut douter que ce soit l'appareil législatif qui puisse le résoudre...
Les signalements pour atteinte à la laïcité concernent dans une proportion de 40 % des signes religieux ostensiblement portés. Les autres motifs sont : prosélytisme (8%), refus d'activité pour motifs religieux (7%), revendications communautaires (7%), provocations verbales (5%), refus des valeurs républicaines (2%), autres formes ((?, 10%) (source : ministère pour le mois de septembre 2022).
Concrètement, on est confronté à plusieurs situations :
- Exhibition de croix chrétiennes
- Port du voile
- Port de la Kippa
- Respect du Shabbat avec absentéisme le samedi matin
- Revendications de fêtes religieuses non inscrites dans le calendrier républicain.
Depuis des années le débat s'est cristallisé sur la question du voile, en lien avec les progrès d'un Islam radical.
La laïcité est un principe essentiel de la République. Elle peut se résumer au respect de la liberté religieuse et donc à l'égalité absolue des choix de conscience (croire / ne pas croire) et donc par conséquent à la neutralité de l'Etat et des services publics, garante de cette liberté et de cette égalité.
L'interdiction d'un signe religieux ne se comprend pas comme une stigmatisation mais comme un garde-fou, une volonté de protection de la liberté pour un public influençable.
La question sociale, la question de l'intégration à la République la question religieuse se confondent fort souvent dans les situations d'atteinte au principe de laïcité.
Dans ce contexte l'abaya représentait, SELON MOI, (en majuscules car ce n'est pas factuel mais bel et bien une simple opinion personnelle) plus une solution qu'un problème.
Ce vêtement qui n'est pas religieux, mais culturel, permettait sans nul doute une forme de revendication religieuse, je ne suis pas naïf. Mais il a l'avantage de permettre l'intégration à l'école de personnes en mal d'identité, en mal de reconnaissance. L'interdire équivaut dans certains établissements à rouvrir une "guerre" entre l'autorité républicaine et les familles concernées. Allons nous interdire la barbe ? Allons nous en mesurer la longueur, la coupe? En analyser le sens profond? Chacun comprend qu'en multipliant les interdictions, on ne fait que rendre la situation plus tendue et plus complexe à gérer au quotidien, car c'est ici que cela se joue aussi, et surtout!
Tout ça pour un "problème" qui se mesure à l'aune des chiffres cités plus haut : 400 situations par mois, soit 15 par jours pour 12 millions d'élèves accueillis dans 60 000 établissements... 0.25% d'établissements concernés... Misère.
On répondra que ce sont des situations de trop.. Oui. Il y a également 15 millions d'infractions routières liées à la vitesse par an, soit 41 000 par jour... (c'est trop également...)
C'est en réalité une pierre jetée dans le jardin du RN, dans un contexte post émeutes. C'est extrêmement dangereux d'autant plus que quasiment inapplicable. Bien malin qui distinguera l'effet de mode avec l'abaya revendicative. Bref, une manière de gonfler les pectoraux bien malvenue... Mais le gouvernement a besoin de bomber le torse.
Au lieu de donner les moyens de gérer les situations problématiques, pas si nombreuses que cela, il se donne une posture d'autorité. Pendant ce temps-là le service public agonise : les enseignants ne se recrutent plus, les hôpitaux débordent, la mortalité infantile augmente de manière continue depuis 10 ans et on détourne l'attention...
On me reprochera angélisme (je l'entends déjà), ou excès de pragmatisme. Mais oui, pragmatique faut l'être sinon on refuse de gérer le réel et le réel c'est que je vais avoir 32 gamins par classe la semaine prochaine et que je vais pas en virer parce que certain.e.s ont un vêtement qui trahit une appartenance culturelle. Si cette interdiction se met en place on verra le nombre d'incidents augmenter. Ne serait-ce pas un des buts recherchés?
Pour éclairer le débat je signale l'opinion de l'historien Iannis Roder, favorable à l'interdiction de l'abaya dont le port constitue selon lui un geste politique. Opinion argumentée et éclairante même si je ne partage pas forcément sa conclusion. https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/09/03/iannis-roder-enseignant-le-port-de-l-abaya-constitue-bel-et-bien-un-geste-politique_6187630_3232.html
vendredi 18 août 2023
Journaliste du dimanche
Le JDD a reparu. Ce n'était pas mon journal favori, hein, loin s'en faut. Donc je l'achetais pas. Mais la grève récente me l'avait rendu plus sympathique qu'il n'était. Envie de l'acheter du coup... Mais depuis qu'il a reparu, il faut le boycotter. Donc quand ma belle-mère l'a candidement rapporté l'autre jour en disant, je cite : "il y aura peut-être des infos dedans", je l'ai engueulée. Et j'ai feuilleté l'objet du délit : Un article titrait : "Dans la solitude des hommes battus". Nausée. La Une réclamait la justice pour les policiers. Et en dernière page l'inénarrable Pascal Praud, tête de gondole de l'empire Bolloré, ex de Téléfoot où il était le plus nul, - Téléfoot c'est Pierre Cangioni, Didier Roustan et c'est tout!- nous fait une chronique. Je l'ai lue avec attention et j'y ai vu le plus faux-cul des articles, le travail bâclé et néanmoins roué d'un pseudo journaliste, l'œuvre d'un propagandiste qui se déguise.
La forme, billet d'humeur, autorise l'opinion. Soit, cela ne me gêne pas. Mais assume là ton opinion mecton! Elle se pare, dans ces lignes dégueulasses, des atours du "bon sens", d'une prétendue détestation de l'idéologie alors qu'elle suinte l'idéologie sécuritaire-libérale-catholique à plein nez.
Le billet d'humeur autorise Praud à écrire à la première personne : on dirait le Jean Daniel de la fin, qui donnait la leçon à tous et toutes dans son édito du Nouvel Obs'. Un Jean Daniel cheap, de droite, inculte.
Pascal Praud prétend rencontrer des "vraies gens", lui, lorsque les autres journalistes de la planète France en nieraient l'existence. Il prétend dénoncer l'entre soi parisianiste du monde des médias dont il est pourtant le représentant le plus caractéristique avec ses émissions de café du commerce. Il nous présente ainsi la famille "Sophie, kiné, Philippe, directeur d'agence bancaire, et leurs deux filles étudiante en école de commerce et à Sc Po". Des Français moyens... Hum... Et ces gens-là , en vacances à La Baule, ne se plaignent pas, mais tout de même, aimeraient un coup de pouce fiscal. Entre temps Pascal Praud n'a pas oublié de rencontrer un CRS, de rappeler qu'il a le numéro de téléphone des ministres et il n'oublie pas de donner une leçon de savoir être aux hommes politiques... Ce n'est plus un billet d'humeur, c'est un manifeste!
Il nous évoque l'usine à gaz Parcoursup qui envoie des étudiants à mille km de chez eux quand une place est pourtant disponible à 3 km de là ... Qu'importe la vérité, ce type d'assertions débiles et fausses se nichent dans le cerveau du lecteur qui va évidemment s'emporter et répéter ce genre d'âneries. C'est ce qu'on appelle le populisme. Parcoursup ne peut pas envoyer des gens à 1000 km de chez eux en France métropolitaine... et cela n'existe donc que dans les Drom Com. Je ne suis pas un défenseur de Parcoursup, mais tout de même, un journaliste a des obligations comme celle de vérifier les faits et les propos qu'il tient. Ce genre de simplification tient lieu de méthode journalistique semble-t-il dans le nouveau JDD... La première Une de l'après grève étant entachée d'une même erreur. Mais vérifier, peser ce qu'on écrit, l'honnêteté du propos, ce qu'on appelle la déontologie, ce n'est pas dans le logiciel Bolloré.
Donc on peut écrire que Parcoursup envoie les étudiants à 1000 km de chez eux. Pourquoi mille? Parce que mille c'est simple, ça reste en tête, ça marque les esprits. Et c'est pas trop faux pour parler des points les plus éloignés de l'hexagone entre eux. Mais ça reste faux : la vérité c'est que les étudiants sont globalement satisfaits de l'outil, même si c'est une dure épreuve pour tous et si cela trie les étudiants. La vérité c'est que ce n'est pas la distance qui est le problème n°1 mais les places disponibles dans la filière voulue. La démarche serait d'expliquer pourquoi on n'ouvre pas tout partout, pourquoi on ne satisfait pas tout le monde, pourquoi tant d'étudiants échouent en première année, se réorientent etc.. Mais ça, ce serait faire du journalisme et Pascal Praud n'en a ni le temps, ni l'envie. Ce n'est pas pour ça qu'il est (grassement) rémunéré par son boss.
Qu'importe donc que l'affirmation de Praud soit fausse, ce qui compte c'est qu'elle existe. Sauf que la presse écrite ce n'est pas la télé où tout se dit, se contredit et s'oublie. Les écrits restent et Pascal va devoir apprendre à écrire ou à se taire. Car si "errare humanum est " on peut douter de l'innocence de celui qui se trompe en l'espèce. Se tromper sciemment, c'est mentir. Mentir tout le temps ça finit par se voir, même si on essaie de maquiller ça en un "bon sens" dont on finit par comprendre qu'il est orienté dans un certain sens : celui du poil du lecteur, celui de l'électeur RN.
On comprend donc qu'en effet il ne faut pas acheter le JDD comme on achète un journal ordinaire... On achète le JDD si on veut aider la soupe rance de l'ultra droite abonder dans le flot de l'info.
Donc on n'achète pas le JDD.