mouette

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lundi 25 avril 2016

Une lueur dans la nuit

Nuit debout! Une lueur dans la nuit frontiste et état d'urgentiste qui depuis trop longtemps enveloppe le pays. Il est facile de critiquer le mouvement, coupable, avant même d'avoir produit sa première étincelle, de bien des maux, que répètent en boucle les commentateurs depuis que cette initiative regardée d'abord avec sympathie et avec condescendance, est devenue envahissante à leurs yeux : en vrac et sans ordre de détestation, donc : parisien, (et oui c'est un défaut...), jeuniste, élitiste et recherchant l'entresoi, velléitaire, destructeur (les vitrines cassées), alcoolisé, trop bordélique (ah la démocratie directe...) etc j'en passe et des pires dont le sommet, "fachiste" -et c'est un expert qui le dit, Finkielkraut himself. Jubilation de voir ces critiques venir de salons où plus personne ne bouge depuis longtemps et qui sur la base de saines lectures destituent Roussef de leur fauteuil, et matraquent les "casseurs" devant leur télé ("allez les flics!") Jubilation aussi de voir les récupérateurs professionnels essayer de comprendre ce joyeux bordel où les gens qui assistent ont le droit de parler également, et non seulement d'acquiescer... Oui, Nuit debout est peut-être tout ça à la fois. Il est surtout bien autre chose : il est, -pour combien de temps?, la prise de parole et de l'espace physique et politique par des gens qui en ont marre. Comment reprocher à ce mouvement de ne pas représenter la masse et toute la société? Cela n'a pas de sens! Qui peut se targuer de représenter toute la société? le banquier Macron dont les joyeux soutiens du mouvement "En Marche" sont des pairs depuis longtemps sur le circuit? Hollande du haut de ses 13 % de satisfaits? Sarkozy, qui à force de vouloir "cliver", clive jusque dans son propre parti? Finkielkraut qui du haut de sa posture d'intellectuel ne comprend pas pourquoi il se fait expulser et ne parvient pas à s'exprimer? Mais comment pouvait-il espérer ou croire pouvoir s'approcher d'un lieu de parole populaire, lui qui depuis des années méprise toute culture populaire dès qu'elle émerge, au prétexte de valeurs intangibles, intouchables? Le "fascisme" de la place de la République, qu'il dénonce, ne le pratique-t-il pas en mode soft tous les jours dans le salon médiatique qui lui sert de mégaphone et dans les colonnes du Figaro magazine? Nuit debout c'est place de la République à Paris, plus qu'ailleurs, peut-être. Comment reprocher à cette place de redevenir ce qu'elle doit être? comment reprocher à des citoyens de devenir, ou redevenir pour certains, de vrais citoyens et non pas seulement des électeurs? Comment leur reprocher de ne pas être les absents? Que les absents viennent! Nuit debout est imparfait, Nuit debout ne mène à rien sinon à une chose essentielle : il affirme qu'il ne suffit plus de poser la question de la nécessité de la révolution, mais poser la question de sa possibilité. Et Nuit debout esquisse comme les Zadistes, mais en mieux, une réponse. Prendre la parole et ne plus la lâcher. Prendre l'espace et ne plus le laisser aux autres. On peut déplorer en bon républicain, que l'espace public soit l'otage de cela. On peut s'en réjouir, au contraire, en rappelant que l'espace public c'est précisément fait pour cela! Parler jusqu'au bout de la nuit avec toutes les conneries qu'on va dire, évidemment, et que ne manqueront pas de relever les contempteurs à la petite semaine, ceux qui ne veulent vraiment pas d'un autre monde! Nuit debout ne mène peut-être (j'ai dit peut-être) à rien.... Peut-être au contraire sert-il de prise de conscience salutaire dans une France atone et endormie, résignée à la nuit frontiste que l'autre monde est à faire, là, maintenant, avec nos mains, avec nos mots, avec nos espoirs. Cet autre monde d'autres ailleurs l'esquissent aussi, et Nuit debout le sait très bien. Le mouvement ne prétend certainement pas représenter l'ensemble des réponses. Nuit debout, mine de rien c'est le premier mouvement de gauche depuis... trop longtemps.

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