mouette

mouette
lamouetterouge@gmail.com

samedi 20 novembre 2010

zéro ... la suite (2) : victoire?

Voir en face ses insuffisances et être accessible à des moyens de remédiations : voilà ce qui compte dans l'évaluation quelle qu'elle soit de qui que ce soit. Voilà ce que ne veut voir la société dans son ensemble qui prétend tout évaluer mais ne tolère que ce qui va bien. C'est cela qui est stigmatisant. Que cela se nomme 20/20 ou compétences acquises ne change rien à la nature du problème... Les évaluations PISA censées être la pointe de la modernité des pays de l'OCDE pour évaluer les performances des systèmes scolaires sont tout autant stigmatisantes que les notes du méchant système scolaire français. Elles créent des normes tout aussi contestables que beaucoup de ceux qui réclament la fin des notes ignorent. La transférabilité d'une compétence par exemple... Quand devrait-elle l'être? En quelles circonstances et dans quel délai? Pourquoi devrait-elle l'être?
La notion "d'attitude" du socle commun n'est pas la moins dangereuse des notions. Vous ne trouverez pas beaucoup d'attitudes qui ne soient pas bien dans les clous et les normes de la société dans cette approche. C'est flou, donc mal évalué, c'est normatif, ce n'est pas mieux qu'une note! Mais c'est ce que la société attend de ses élèves!
Là est la vraie question : que voulez-vous que soit le geste "d'instruire"?
Comment voulez-vous que soit actée l'instruction, reconnue comme ayant été dispensée, avec quelle part de réussite et quelle part d'échec momentanée, toute évaluation n'étant que le reflet d'un instant "T"?
Aujourd'hui le système scolaire entreprend une réforme qui met la réussite comme un droit opposable. Alors pour y parvenir le découpage par compétence est effectivement le moyen le plus facile, qui va masquer les manquements de chacun et mentir à une échelle qui doit être dénoncée : certaines compétence soi-disant indispensables à l'obtention de tel ou tel diplôme (par exemple le niveau dit A2 en langues au brevet), ne sont finalement pas prises en compte lorsqu'elles sont non acquises. Ainsi l'élève ayant raté a statistiquement réussi et le système scolaire peut se vanter de ne plus être en échec...Ces pratiques courantes (B2I, Langues palier A2) se généralisent, les moyens se réduisent, l'opinion publique applaudit. Victoire?

5 commentaires:

  1. Notre société a peur de l'échec comme de la mort, en gros de la fin. Or, la fin est consubstantielle à la vie.
    L'échec peut être positif mais la pression sociale est telle qu'il n'est perçu que comme du négatif.
    Le corps social et les parents en particulier sont en grande partie responsable de cet état de fait qui fait de la note une sentence et un moyen de pression psychologique.

    L'école n'est plus qu'un outil, à peine un service et si cet outil ne fonctionne pas, pour avoir un boulot, on demande à en être dédommagé.

    Tu as tout à fait raison de souligner que ce débat sur les notes n'est qu'un paravent. C'est la place de l'école dans notre société qui est en cause, en question.

    Que demande-t-on à l'école ? A quoi et à qui doit-elle servir ?

    A-t-elle une obligation de réussite ?

    Et quelle est la réussite de l'école ?
    Quelle est la réussite à l'école ?

    Et finalement, qu'est-ce que réussir ? Qu'est-ce que réussir sa vie ?

    L'école a décidé de rentrer dans le jeu social au lieu de rester un lieu à part, comme un monastère. Un lieu de révolution qui reste à l'écart des mouvements de fond de la société.
    En réalité, l'école n'est plus à l'avant-garde de la société, elle en est à la remorque, elle n'est qu'une vulgaire caisse de résonnance des tensions voire des conflits sociaux.
    Dommage

    Sébastien

    RépondreSupprimer
  2. Bien dit; N'était la question sexuelle, j'aurais déjà pris l'habit monastique!

    RépondreSupprimer
  3. Oh, le sexe n'est pas vital et c'est à la portée de n'importe quel con venu.
    Mais apprivoiser le savoir, façonner son écriture et enrichir son art oratoire... ça c'est plus méritant, voire plus porteur de sens.

    Mais ce n'est que mon avis de moine.

    Pour l'instant je n'écris que de simples comptes-rendus d'ouvrages mais il faut bien griffoner des brouillons avant de participer à la construction du savoir.

    Dans cette perspective, enseigner ne devient, malheureusement, qu'alimentaire... Et je ne pense pas être le seul à raisonner ainsi.

    Sébastien

    RépondreSupprimer
  4. Il faut griffonner des brouillons et même plus!
    Si tu parviens à faire de ce savoir un objet d'enseignement tes élèves seront des bienheureux.

    RépondreSupprimer
  5. Il est là le défi, le Graal : réussir à intéresser les élèves et à communiquer son plaisir, son envie, son enthousiasme...

    Faut-il aimer et croire en l'Homme pour enseigner ?

    Sébastien

    RépondreSupprimer